Sunday, October 21, 2012

PCm france - A propos de la situation en Syrie, du soutien et des perspectives



Pour expliquer la révolte d’aujourd’hui, il faut faire un rapide retour en arrière.
La Syrie a été une province ottomane de 1516 à 1918. En 1916, les accords Sykes-Picot prévoit le partage du Croissant fertile : la France obtient la Syrie et la Grande-Bretagne, l’Irak et la Palestine. En 1946, la Syrie accède à l’Indépendance. En 1963, le Parti Baas prend le pouvoir. En 1967 c’est la guerre des Six jours, la Syrie pers le Golan. En 1971, Hafez el Assad prend le pouvoir.
En 1973, la Syrie et l’Egypte tentent de récupérer le Golan et le Sinaï. En 1975, c’est la guerre civile au Liban. L’armée syrienne se range aux côtés des forces chrétiennes libanaises, Israël occupe militairement le Sud Liban. Les frères musulmans s’emparent de Hama, l’armée syrienne bombarde le Sud-Liban, elle subit de lourdes pertes. Israël envahit le Liban jusqu’à Beyrouth. L’armée syrienne doit reculer. En 1994-95, Yitzhak Rabin accepte de rétrocéder le Golan, il est assassiné par un extrémiste israélien.
En 2000, Hafez el Assad meurt. Son fils lui succède. Il faut rappeler que Hafez el Assad était un nationaliste qui a réprimé les communistes syriens et les frères musulmans.
 
La situation en Syrie 


Dans la première phase (1960-1990), le régime nationaliste, laïc, mais anticommuniste bénéficie d’un certain soutien populaire grâce à une réforme agraire, la création d’un secteur public, l’éducation gratuite et les services médicaux. C’est un Etat policier dans lequel s’installent la corruption et le népotisme. Le chômage se développe sur fond de crise générale du système capitaliste et une grande partie de la jeunesse se retrouve sans travail.
 
En 2000, Bachar El Assad succède à son père Hafez El Assad. Il se veut « démocrate » et « ouvert ». En 2005, plagiant Teng Xiaoping, le Congrès du Parti Baas dont il est président se déclare pour « le socialisme de marché », comme si le socialisme existait précédemment en Syrie. Cette « ouverture » a approfondi le fossé entre les classes dirigeantes et les classes populaires. En 2008, les prix ont augmenté de 20%, celui de l’essence est multiplié par 3. C’est alors qu’après celles des autres pays arabes, éclate la révolte des masses en Syrie.
 
La révolte, en l’absence d’une direction communiste révolutionnaire, a très rapidement été encadrée militairement par une fraction de la bourgeoisie, soutenue par l’impérialisme. En effet les impérialistes ont un plan pour le Moyen Orient tout entier, afin d’avoir un contrôle total sur les richesses de la région, et particulièrement le pétrole iranien. Les nouveaux impérialistes russe et chinois ont des intérêts à défendre dans la région.
 
On voit donc les contradictions inter-impérialistes se développer. D’une part, les impérialistes sont en concurrence et en lutte les uns avec les autres pour se partager le gâteau, d’autre part, il y a une lutte entre les nouveaux impérialistes d’un côté et les anciens de l’autre. Le veto posé à l’ONU par la Chine et la Russie est à considérer dans ce contexte comme arme diplomatique dans la lutte inter-impérialiste pour le contrôle des ressources. Le risque est grand d’une confrontation généralisée dont les peuples du monde paieraient le prix.
 
La question du soutien
 
Une partie de ceux qui dénoncent l’intervention impérialiste, disent que ce qui est principal dans la question syrienne est de s’opposer à cette intervention et d’apporter le soutien au régime. Comme les impérialistes manœuvrent et apportent leur soutien politique et militaire à l’Armée Syrienne Libre, le principal selon eux est alors de soutenir Assad. Qu’importent les crimes anciens et nouveaux du régime, qu’importe que les masses soient opprimées et exploitées par la dictature, qu’importe qu’elles se soient révoltées, qu’elles soient bombardées.
 
S’il faut bien sûr s’opposer à toute intervention impérialiste, il faut montrer que tant que les révoltes populaires ne se doteront pas d’une direction révolutionnaire, c'est-à-dire tant qu’un parti communiste de type nouveau ne prendra pas la direction de la lutte populaire de libération, alors la révolte ne pourra pas se transformer en révolution véritable. Sans cela, le peuple ne pourra en finir avec la domination des impérialistes et de leurs chiens de gardes locaux : la bourgeoisie compradore et bureaucratique et tous ceux qui les soutiennent ou pactisent avec telle ou telle fraction.
 
Dans tous les pays, le chemin est celui qui conduit de la révolte populaire sans organisation à la révolution prolétarienne. Elle prend la forme de démocratie nouvelle dans les pays dominés et celle de révolution socialiste dans les pays impérialistes.
 
D’autre part, on ne peut choisir un impérialisme contre un autre, on ne peut choisir entre les anciens et les nouveaux impérialistes. Le but des impérialistes est d’avoir la suprématie dans le pillage des nations, dans l’exploitation et l’oppression des peuples du monde. Ils sont prêts à en découdre pour préserver leurs intérêts, agrandir leur zone d’influence.
 
La théorie pourrie de « choisir son camp » dans un conflit où aucun camp n’est révolutionnaire est un avatar de la « théorie des trois mondes » prononcée par Teng Xiaoping à l’ONU en 1977. Suivant cette théorie, il y avait trois mondes. Le premier monde était constitué des deux superpuissances USA et URSS, le second monde des autres puissances impérialistes et le troisième monde des pays opprimés, le tiers-monde. Contre les superpuissances, selon Teng Xiaoping, il fallait unir le second monde et le tiers-monde contre le premier monde. Le soi-disant parti maoïste de l’époque, le PCMLF, en vertu de cette théorie, alla jusqu’à tenir un meeting commun avec les royalistes néo-fascistes contre une seule superpuissance, l’URSS.
 
Aujourd’hui, le soutien à Assad sent le soufre, car il regroupe des opportunistes de gauche, l’extrême droite et divers organisations fascistes ou néo-nazis. Certains s’appuient sur les nouveaux impérialistes.
 
Les va-en-guerre impérialistes arment les opposants à Assad. Leurs larmoiements sur les victimes ne cachent que leur impatience de régner sur le « Nouveau Moyen-Orient ». En France, c’est le gouvernement PS qui bat le tambour pour l’intervention impérialiste devant son concurrent l’UMP. D’autres à gauche sont pour la conciliation, pour une intervention « pacifique » autour d’une table ronde, bref, ils sont pour un arrangement avec les impérialistes qui ne peut se faire que sur le dos du peuple et en aucun cas résoudre les causes de la révolte, à savoir la misère, le chômage et le manque de liberté.
 
C’est pourquoi, il faut en finir avec le tiers-mondisme qui prétend résoudre la contradiction entre les impérialistes et les pays dominés, la contradiction entre classes dominantes et classes dominées par la concertation, par la voie pacifique, oubliant que les dirigeants des pays dominés sont des émanations directes des puissances impérialistes et des bourgeoisies nationales qui après avoir lutté contre les impérialistes finissent par passer des accords avec eux au détriment des classes populaires qu’ils exploitent et répriment à leur tour.
 
Malgré les manœuvres des impérialistes et même en l’absence de direction révolutionnaire, les masses populaires ont toujours raison de se révolter contre l’exploitation et l’oppression. La révolte a montré et montre qu’elle permet de renverser les pires dictateurs. C’est à travers la lutte que les masses apprennent à connaître leurs ennemis passés, présents et futurs. Ces derniers se démasqueront et montreront, qu’ils soient laïcs ou religieux, qu’ils ne représentent qu’une autre forme d’exploitation et d’oppression.
 
Une décantation s’opère sous nos yeux en Tunisie, en Egypte et même en Lybie où les masses croyantes ou laïques s’opposent aux extrémistes réactionnaires. Ce n’est pas encore la révolution, mais c’est la marche en avant sur le chemin qui y conduit. Il faudra encore beaucoup d’autres luttes pour y parvenir.
 
La construction de la perspective révolutionnaire
 
Dans plusieurs pays, au Maroc, en Tunisie, en Egypte, les maoïstes commencent à s’organiser et se remettent en route pour construire le parti de type nouveau regroupant les éléments les plus avancés et le front uni des masses populaires regroupant laïcs et croyants pour le même but : la révolution de démocratie nouvelle pour le peuple.
 
C’est seulement en se dotant d’un parti révolutionnaire, d’un parti communiste de type nouveau, d’un parti communiste maoïste, que le prolétariat et les masses populaires pourront se libérer. Les révolutionnaires locaux doivent s’atteler à cette tâche et construire leur parti en lien avec le prolétariat et les masses populaires, en tenant compte des conditions spécifiques de leur propre pays. Les communistes doivent appréhender cette situation dans sa globalité, en relation avec le développement du Mouvement Communiste International et sa reconstitution.
 
Le rôle des communistes est de montrer que la lutte inter-impérialiste est constante et que leur alliance est temporaire, qu’elle est le reflet des alliances et des luttes du capital financier qui domine toute l’économie. Leurs alliances ne sont que relatives, la lutte entre eux est absolue. La puissance relative des impérialistes peut être remise en cause momentanément par la révolte, définitivement par la révolution prolétarienne sur la planète entière.
 
La nécessité de construire une force communiste de type nouveau s’affirme de jour en jour. Cette force, ce parti ne doit pas être à la traîne des réactionnaires ou des réformistes, ces derniers, en particulier, sapent la confiance du prolétariat et des couches populaires et laissent la voie libre aux forces les plus réactionnaires. Ils creusent le lit du fascisme et leur livrent pieds et poings liés les masses désemparées devant leur impuissance.
 
On ne peut s’appuyer sur un impérialisme contre un autre ou sur une force réactionnaire contre une autre, il faut avoir une force indépendante. En Afghanistan, si l’impérialisme et le régime de Karzaï à leur solde sont les principaux ennemis sur le plan tactique, les talibans constituent eux, l’ennemi stratégique. Ce qui signifie que le parti doit tenter de gagner la direction de la lutte et surtout préparer la guerre populaire afin de libérer le peuple afghan de la domination et de l’exploitation quel que soit le masque sous lequel se dissimulent les oppresseurs et les exploiteurs. C’est ce que fait le Parti Communiste (maoïste) d’Afghanistan.
 
Le nouvel impérialiste chinois s’apprête à prêter main forte au chien de garde des impérialistes Karzaï car il a des intérêts économiques en Afghanistan et a, comme l’Inde, des prétentions hégémoniques en Asie. Le Parti Communiste (maoïste) d’Afghanistan a une lutte difficile à mener mais fait confiance en la capacité des masses populaires de prendre conscience de la nature des régimes qui se défont, comme de ceux qui prétendent lutter pour la libération sans s’attaquer à la racine du mal, le système capitaliste.
 
Le rôle des communistes est de s’opposer, de dénoncer toutes les manœuvres des impérialistes et d’être contre toute intervention impérialiste, particulièrement notre propre impérialisme, représenté aujourd’hui en France par un gouvernement social-démocrate, acharné à défendre non pas les peuples en lutte mais le système d’exploitation capitaliste, oubliant que ce sont les peuples qui font l’histoire.
 
Le rôle des communistes est de combattre et de dénoncer les impérialistes anciens et nouveaux, les régimes réactionnaires en place, quels qu’ils soient. C’est la seule façon de faire prendre conscience aux masses exploitées et opprimées que la seule solution est de préparer la révolution pour renverser les impérialistes et leurs chiens de garde.
 
La seule solution est de préparer dans chaque pays la guerre populaire contre les guerres impérialistes et contre les guerres fratricides interethniques et « religieuses » provoquées et manipulées par les impérialistes et leurs chiens de garde.
 
La guerre populaire est aussi un moyen puissant pour empêcher les puissances impérialistes de déclencher un conflit généralisé qui réduirait à néant les espoirs d’une vie meilleure pour des milliards d’hommes et de femmes et qui nous plongerait dans une période encore plus sombre que celles qu’ont connu nos peuples au cours de la première puis de la seconde guerre mondiale.
 
LE PROLETARIAT ET LES PEUPLES DU MONDE N’ONT QUE LEURS CHAINES A PERDRE ET UN MONDE NOUVEAU A GAGNER !
 
PC maoïste de France
octobre 2012

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